Imbroglios amoureux, musique atmosphérique et intervention surnaturelle, Gregg Araki nous a habitué depuis 20 ans déjà à son format pop et acidulé, sombre et cannibale. Dernière incartade en date qui mérite d'être soulignée : avec Mysterious Skin et son naturel à ne rien prendre au sérieux Araki proposait l'une des plus belles visions de l'enfance gâchée qu'on ait pu voir depuis longtemps. Avec Kaboom rien d'aussi jusqu'au-boutiste, seulement beaucoup d'entrain et d'indigence. Une manière voilée d'en revenir aux sources je suppose. James Duval, fantôme d'une époque désormais révolue où nous ne pouvions nous essouffler ; l'un des premiers avatars (durables) d'Araki devant la caméra a vieilli. A chaque décennie, voire chaque film, sa nouvelle cohorte d'acteurs de 18-20 ans qui baisent bouffent et se massacrent. La formule est rodée mais a quelque chose d'assez simplet à se répéter ainsi jusqu'à notre époque où tout doit absolument être si sérieux. De ce fait on retrouve les tics et les absurdités du cinéma d'Araki comme on retrouve une bonne vieille sitcom, nouveaux enjeux et nouvelles brouilles, mais le programme ne change pas.
Belle petite boulimie narrative, quelques ados qui pour certains s'apprécient et pour beaucoup baisent seulement se retrouvent mêlés à une conspiration millénaire, des chevaliers et un ordre secret. Jusqu'à décrocher durant les dernières minutes, le récit comme sortant de lui-même pour s'observer de haut et rire, s'amuse de tous ses défauts et ses âneries, sort de son chapeau une succession invraisemblable de surprises et de coups durs. On ne saurait dire si c'est du courage ou de l'entêtement à avoir peur d'être un jour taxé de cinéma sérieux mais on en ressort forcément hilare.
Là où Kaboom souffre c'est de la comparaison. Il suffit de remonter aux débuts des années '90, là où les films de Gregg Araki savaient allier cette démesure d'un épisode de Melrose Place habité par les extraterrestres et le LSD à une certaine poésie noire qui dévorait ses personnages ; tous contraints de constater qu'ils seront probablement la dernière génération du genre humain lorsqu'ils remarquent à quel point ils sont dégénérés. On attaquait jamais frontalement la question de la fin du monde et mieux encore on ne s'en prenait qu'à soi-même, jamais à nos aînés. Peut-être que j'ai vieilli et que Kaboom ne raconte plus rien sur mon adolescence mais sur celles des décérébrés d'aujourd'hui. Je ne peux m'empêcher de me souvenir avec émotion pourtant de James Duval qui filme ses mémoires allongé sur son lit (dans Nowhere), le visage ensanglanté, qui se sent condamné et bafouille avec tout le naturel du monde que s'il avait juste quelqu'un à prendre dans ses bras tout irait bien. Aujourd'hui même si on s'apprécie on a peur de se le dire et j'imagine que de ce fait on meurt terriblement seul. Doom Generation et Nowhere ne s'écartaient pas de ce constat mais le nuançaient avec délicatesse : on crevait mais au moins on essayait de s'enfuir, ensemble, vers quelque chose de meilleur. Un goût pour l'odyssée et les vers qui manque aujourd'hui cruellement à Gregg Araki. Lui-aussi a peut-être un peu vieilli.
Belle petite boulimie narrative, quelques ados qui pour certains s'apprécient et pour beaucoup baisent seulement se retrouvent mêlés à une conspiration millénaire, des chevaliers et un ordre secret. Jusqu'à décrocher durant les dernières minutes, le récit comme sortant de lui-même pour s'observer de haut et rire, s'amuse de tous ses défauts et ses âneries, sort de son chapeau une succession invraisemblable de surprises et de coups durs. On ne saurait dire si c'est du courage ou de l'entêtement à avoir peur d'être un jour taxé de cinéma sérieux mais on en ressort forcément hilare.
Là où Kaboom souffre c'est de la comparaison. Il suffit de remonter aux débuts des années '90, là où les films de Gregg Araki savaient allier cette démesure d'un épisode de Melrose Place habité par les extraterrestres et le LSD à une certaine poésie noire qui dévorait ses personnages ; tous contraints de constater qu'ils seront probablement la dernière génération du genre humain lorsqu'ils remarquent à quel point ils sont dégénérés. On attaquait jamais frontalement la question de la fin du monde et mieux encore on ne s'en prenait qu'à soi-même, jamais à nos aînés. Peut-être que j'ai vieilli et que Kaboom ne raconte plus rien sur mon adolescence mais sur celles des décérébrés d'aujourd'hui. Je ne peux m'empêcher de me souvenir avec émotion pourtant de James Duval qui filme ses mémoires allongé sur son lit (dans Nowhere), le visage ensanglanté, qui se sent condamné et bafouille avec tout le naturel du monde que s'il avait juste quelqu'un à prendre dans ses bras tout irait bien. Aujourd'hui même si on s'apprécie on a peur de se le dire et j'imagine que de ce fait on meurt terriblement seul. Doom Generation et Nowhere ne s'écartaient pas de ce constat mais le nuançaient avec délicatesse : on crevait mais au moins on essayait de s'enfuir, ensemble, vers quelque chose de meilleur. Un goût pour l'odyssée et les vers qui manque aujourd'hui cruellement à Gregg Araki. Lui-aussi a peut-être un peu vieilli.
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