mardi 27 juillet 2010

Peter Bogdanovich



The Last Picture show est sûrement la réussite de Bogdanovich, critique déjà à l'époque, et toujours aussi vrombissant aujourd'hui. Là où le cinéma s'improvise plus que du cinéma, je pense à Freaks & Geeks, je pense à Superbad, même Gregg Araki par endroits, des cuites, des bains de minuit, beaucoup d'ennui, des films vus à des drive-in. Voluptueux et d'un rythme certain, parfaitement maîtrisé. Jeff Bridges y est beau, incandescent quand il est prêt à tabasser n'importe qui s'approchera de trop près de sa petite amie, Timothy Bottoms, frère-ami, fidèle, ennemi, vrai grand meilleur ami, dans toute la déliquescence que cette relation peut prendre parfois à cet âge, et dans toute cette simplicité et ces silences partagés. Cybill Shepherd aussi dont je suis tombé amoureux. Ça convoque beaucoup de choses, beaucoup de comédies américaines et de films d'ado' à travers les âges mais avec un petit surplus de sérieux, l'idée d'une ville minable ridicule et maudite que tout le monde rêve de quitter mais peu sont ceux qui s'en donnent les moyens.

Après quelques Bogdanovich vu (bientôt Texasville, sa suite, deuxième tome d'une saga littéraire réputée) je ne peux malheureusement que trop bien comprendre la réputation de looser un peu imbu de lui même et un peu maudit que Bogdanovich se traîne (quoi, après une ou deux réussites au cinéma, et un film bizarre et nul, Voyage to the Planet of Prehistoric Women, que je rêve de voir). Sur-utilisation de Shepherd (son amoureuse) alors qu'elle n'avait pas le poids et le talent pour ses rôles, mauvais films tout simplement, mauvais choix, et très vite, haine de la critique à son encontre qui n'a jamais réellement disparue. They All Laughed d'après ce que j'en ai vu est splendide, oui, mais mis à part ça ?

Des comédies musicales ratées, de vieux petits films rabougris, par leurs intentions d'abord, par une sorte d'intention d'excuse envers les critiques ensuite. J'ai bien peur que Bogdanovich n'est pas grand chose à m'offrir. Je vais persévérer, tout de même. Mais le bonhomme est totalement atteint par le syndrome du cinéphile qui connait ses classiques et tient toujours à bien faire sans se permettre de réelle envolée, de vrai laisser-aller. L'un de ses premiers long-métrages est d'ailleurs un documentaire sur Ford, Directed by John Ford, l'une de ses idoles. On sent malheureusement, même dans the last picture show, pourtant très gracieux, très volubile, très travaillé et aimé, trop de moments où Bogdanovich veut nous pousser à ressentir sans lui-même se laisser aller à ressentir quelque chose. Trop d'intentions d'émotions et donc forcément obstrués par beaucoup de froideur. On s'émouvra pour ces quelques jeunes hommes coincés, perdus, parfois accablés par les tourments de la vie simple, parfois juste très ennuyés, mais on se sentira nous-mêmes toujours un peu coincé, asphyxié par l'idée que Bogdanovich s'est fait par avance de son film, "chef-d'œuvre", "important", qui singe le silence, l'ennui et l'anodin pour mieux raconter avec vigueur l'avenir des jeunes gens américains. C'est sûrement un type honnête malgré tout je pense Bogdanovich, mais il n'était peut-être pas tout à fait taillé pour être réalisateur, pétri par ses idées et ses intentions, voulant toujours prouver qu'il avait sa place parmi le panthéon de ses contemporains. Un homme plein de charme et ses films également mais tout ça est trop contrôlé pour que puisse totalement m'y mouvoir et m'y abandonner. Par contre il s'est tapé Cybill Shepherd le con alors pour ça je dis respect.

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