vendredi 30 juillet 2010

Abel Ferrara - Go Go Tales (2007)


Je ne condamne pas tout Ferrara, seulement ceux que j'ai vu. J'en ai encore quelques uns à me mettre sous la dent avant de juger définitivement le garçon. J'accuse avant tout Bad Lieutenant, étendard flambant d'une démesure oui mais qui tourne à vide, autant en termes de substance cinématographique (très peu d'idées de mise en scène, d'intuitions, de choses qui marquent, du lourd vaguement mystique, évoquant le pire de Martin Scorsese) que toute perspective intéressante de récit, d'utilisation de ses personnages. Et Go Go Tales, à l'inverse, que je me permets de mettre en italique comme quelque chose d'important. Malgré ses débuts cabotins et presque vaudevillesque c'est d'une élégance, d'une grâce, d'une ardeur, impénétrables. Willem Dafoe qui chante et ces quelques filles qui dansent autour des chinois, des billets qui dépassent de partout, langoureuses et interminables scènes de danse.

Et c'est entrecoupé de tellement de doute, de regards, d'une incroyable prestation de Willem Dafoe, de moments complètement inutiles où on cherche un billet de loto perdu, de petits numéros de magie à la fin, de trucs qui ratent, de trucs qui ne nous bouleversent pas, et pourtant le film s'emballe, tout en reprises de rythmes inabouties, décrochages via des chemins de traverses narratifs sans intérêt, demi-temps et contre-pieds. Quand Willem Dafoe crie qu'il se plante, qu'il le sait, qu'il est malade, que sa maladie c'est le jeu, je n'ai pu m'empêcher d'y voir un peu de Ferrara qui voulait dire foutez-moi la paix je veux seulement faire du cinéma avec les gens que j'aime les autres peuvent aller se faire foutre. Conclusion béate, où on se permet de croire un instant que tout ira bien dans le meilleur des mondes (à ce titre je ne peux m'empêcher de le rapprocher de la conclusion épique de l'autre Bad Lieutenant, vu il y a peu, qui m'a fait hurler de rire avec son enchaînement de bonnes nouvelles ; entre une fin pareille et un type qui fait la moue sévère les bras en croix dans une église vous pensez réellement que ma préférence ne sera pas évidente ?). Galerie improbable et parfois imprécise, noyés dans un lot de femmes légères, à peine bandantes, Bob Hoskins (de Doomsday mais également de Super-Mario) fait le portier, l'entremetteur, la figure de proue. Burt Young le client honnête qui se traîne de lapdance en lapdance. Et Asia Argento, bien entendu, médiocre dans tout son charme et ses pas, qui danse un peu, qui tombe un peu, immensément vulgaire et donc vulgairement admirable et impérieuse. Go Go Tales ça ne sortira jamais nulle part mais ça se trouve et ça vaut le coup d'œil. Lascif et mélodique.

8.5 / 10

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