jeudi 20 mai 2010

Lost 6.16 récapitulation



* On retrouve nos vielles habitudes avec cet épisode solide. On avance sur tous les points, parfois on lorgne sur le côté très technique de l'ensemble et de ses interactions, petites réponses susurrées et indices qui traînent, et parfois on prend juste quelques instants pour se retourner avec les personnages et se dire quel chemin parcouru. Seul gros reproche : on arrive à la fin, là, vraiment, et l'excitation est tiède.

* Jacob passe nous faire un (ultime) coucou. Jack, très logiquement, accepte sa place. Sûrement pour de très mauvaises raisons ; il est plein de peine, d'avoir perdu Kate et d'avoir foiré sa vie, il est énervé et ne sait pas vers quel saint se tourner. Néanmoins je pense qu'il embrasse totalement toutes ses mauvaises raisons. Car Jacob nous l'affirme tout net : il a choisi ses candidats car ils étaient désespérés, misérables. Ils avaient besoin de l'île pour quelque chose et cette dernière avait besoin d'eux en retour. Kate y aura connu l'amour et Aaron, Jin & Sun se seront rapprochés, Hurley aura pu faire disparaître sa "malédiction" et gagner un nouveau pouvoir cool, Locke, et bien Locke a cru avoir trouvé un sens à sa vie. Etc. Jacob était lui aussi un être seul et misérable et pour sa petite erreur de jugement (tuer son frère et le transformer en monstre belliqueux qui veut donc probablement s'en prendre au cœur de l'île pour l'anéantir) le monde entier doit payer. Bonjour la culpabilité. La scène autour du feu est malgré tout ultra détendue. Le nom de Kate a été rayée parce qu'elle s'occupait d'Aaron, elle était devenue mère et avait donc bien mieux à faire ; quoi de plus logique ! Tout ça ce n'était que du bon sens, des possibilités analysées par Jacob. D'ailleurs le job est au premier qui le voudra ! Quelle révélation ! Pas d'élection divine genre "Oui Jack tu es l'élu depuis ta naissance l'univers a conspiré pour que ce soit toi qui aujourd'hui prenne ma place blabla". Quel soulagement ! De ce fait, on se boit une petite coupe entre amis et voilà Jack fin prêt. Il a des super pouvoirs lui aussi maintenant ?

* Jack va donc pouvoir voir le "cœur" de l'île. Tout comme la Mère de Jacob et Jacob avant lui. Et pas le Man in Black (qui disait avoir cherché cet endroit pendant 30 ans sans jamais avoir réussi à le retrouver). C'est derrière le champ de bambous qui constituait le cadre de la toute première scène de Lost. Pour une fois : joli clin d'œil. Et j'aime assez cette idée de géographie variable, de lieux qui se transforment pendant qu'on détourne le regard, qui sont là quand on en a besoin mais pas avant. On en parlait déjà au début de saison quand Jack et Hurley découvraient le phare. Comment avaient-ils pu le rater durant tout ce temps ? Parce qu'ils ne le cherchaient pas, tout simplement.

* Zoé meurt parce que si elle ne pouvait plus parler elle n'avait plus d'intérêt. Je te suis sur ce coup là Monsieur le monstre. Et on a droit, de façon expéditive encore une fois, à l'affrontement tant attendu entre Widmore et Ben. Oh ça reste très classieux je ne dirais pas le contraire mais le problème c'est qu'en présence de plus grandes forces ces deux petits démiurges n'ont plus beaucoup de place pour exprimer leurs différents. Ça nous permet malgré tout des échanges de regards fabuleux, de phrases très coquines et de voir Ben à son meilleur. "He doesn't get to save his daughter" et le plan est exécuté de main de maître. Du satisfaisant donc, même si ces personnages méritaient mieux à mon humble avis.

* Car oui, selon moi Ben est en train de prendre F/locke pour un con avec puissance. Et ce dernier se fait berner comme un gros âne qu'il peut être parfois. De toute façon cette histoire de quitter l'île (ce qu'il cherche à faire depuis 2000 ans) c'est tout aussi poétique que stupide : il sait conduire une voiture le Monstre de fumée ? Il sait qu'il va devoir remplir des déclarations d'impôts ? Trouver un job ? Probablement chercher une petite amie ? S'il imaginait tout le tracas que ça représente il resterait confortablement chez lui. Widmore était la victime collatérale parfaite du plan de Ben. Il peut ainsi se venger tout en persuadant F/locke qu'il est de son côté. Mais avec tout le (plutôt agréable d'ailleurs) foin qu'on fait autour de lui et de sa "rédemption" m'est avis qu'il va nous surprendre une dernière fois en essayant de se débarrasser de F/locke et qu'il veut seulement gagner sa confiance. D'ailleurs si ce dernier tient à le garder sous son aile il a intérêt à trouver une bonne explication au bien fondé de la destruction de l'île ; sinon Ben il va plus avoir de bonne raison de le suivre (ou de faire croire qu'il le suit). Widmore, Jacob, Locke... Benjamin Linus a tué tout le monde à lui tout seul dans cette série ? Je lui espère encore un grand avenir dans le meurtre et la conspiration.

* Il est maintenant question de Tuer Locke / Tuer Jack. Pour la première option je ne vois tout simplement pas comment faire (si ce n'est peut-être annihiler l'île et l'empêcher ainsi de la quitter). Pour la seconde il me semble logique que Locke va vouloir se débarrasser du nouveau gardien de l'île. Car, comme à l'époque où Jacob la protégeait, si Jack vit il ne pourra la quitter. D'où Ben pour exécuter ses basses œuvres. Les ex-candidats restants vont sûrement essayer de le protéger coût que coût. Mais je m'interroge : techniquement ils ne sont plus candidats car le poste a été pourvu. Le Smoke Monster peut-il donc les tuer dorénavant ?

* What they died for. J'ai pas l'impression que Jacob ait finalement vraiment répondu à ça. Protéger l'île, apporter vers elle le nouvel élu, combler la misère de leur vie avec le bonheur d'une nouvelle chance offerte sur l'île patin couffin ? Ouais ça doit être ça ouais.

* Bravo Miles ! Tu as réussi à survivre jusqu'au final ! Je suis très fier (mais un peu moins de la façon ridicule dont tu t'échappes en courant du village de la Dharma). On ne peut pas en dire autant de beaucoup de tes petits camarades. Toujours pas de signe de vie de Frank Lapidus ; l'idiot qui meurt en se prenant des portes très fort dans la figure. Dans le même genre on assiste au catapultage de Richard Alpert à travers la forêt. J'ai du mal à croire qu'ils exécutent un personnage comme lui de cette façon. On nous a trop bassiné (à raison) avec ses histoires. Par contre ça a dû faire mal.

* On en sait maintenant bien plus sur Desmond et son rôle. Il est une solution de dernier secours. Si le Smoke Monster a tué tout le monde et qu'il s'apprête à quitter l'île Desmond pourra détruire l'île pour l'emprisonner définitivement. On suppose que son immunité à l'électromagnétisme l'amènera dans un nouvel endroit secret et trop cool (et pas trop moche si possible) où il pourra enclencher un quelconque mécanisme qui nous fera dire adieu à l'île ; définitivement. Tout comme Desmond tournait la clé à l'intérieur de la Swan Station à la fin de la saison 2 (solution de dernier secours pour annihiler la poche d'électro-magnétisme sous la station et ainsi empêcher, peut-être, au monde d'être détruit) le voilà désormais clé lui-même. Belle pirouette. Sayid disait de lui avant de mourir (à Jack) qu'il se trouvait dans un puits. Visiblement ce n'est plus le cas. Donc quelqu'un l'a tiré de là et logiquement ce n'est pas Sayid (sinon il aurait indiqué autre chose à Jack que le puits). Enfin le retour tant attendu de Rose & Bernard désormais centenaires aventuriers ?

* Dans l'univers des gens extrêmement courtois tout va bien (pour changer). On a même enfin trouvé le point de chute de tout ce petit jeu de playmobil : un concert géant. Si c'est pas chouette ça. On imagine qu'un tel rassemblement entraînera (enfin) un retour massif des souvenirs de la vie précédente de tous ces beaux diables. Qui sera vraisemblablement là ? Jack et donc Claire, Pierre Chang et son fils Miles, Charlotte et sûrement Daniel Faraday, Desmond accompagné de Kate, peut-être aussi Hugo (Libby ?) et Sayid. On peut ensuite imaginer mille raisons stupides pour que d'autres personnages apparaissent : Sawyer parce qu'il a beau faire le boudeur il a un cœur gros comme un gâteau au chocolat et il va bien sûr s'inviter à la fête, peut-être Charlie et son groupe de rock pour jouer durant le concert, peut-être d'autres gueststars surprises et sans intérêt (Boone, Shannon, Michael, et toute une liste longue comme mon bras. Rousseau. Frank Lapidus. Richard Alpert. Jacob. A peu près tout le monde est envisageable à l'exception de Keamy ahaha). Ah si on devrait découvrir qui est la mère du petit David, le fils de Jack. J'ai une grosse idée là-dessus mais je préfère la garder pour moi au cas où. Je suis assez sûr de mon coup et ce serait dommage de gâcher la "surprise" à certains. Même si on est tous d'accord on s'en moque gentiment, d'un air entendu mais détaché.

* On aperçoit d'ailleurs Ana-Lucia et Rousseau dans cet épisode. Cette dernière flirte avec Ben et c'est mignon tout plein. L'émotion ressenti par Ben quand il apprend qu'Alex le considère comme ce qu'elle a de plus proche d'un père fait chaud au cœur. Ana-Lucia apparaît pour une histoire ridicule (vraiment ? elle va laisser ces trois détenus s'échapper pour 16.000$ et elle va s'en tirer tranquillou ?) et Desmond dit qu'elle n'est pas prête. Bien. J'imagine que ce sera le cas de tout membre du casting plus assez important pour apparaître dans le final. En tout cas il semblerait que depuis leur dernière rencontre Hurley et Desmond se soient faits des papouilles et se rappellent désormais parfaitement de leur vie d'antan. Me demande quand même bien ce qu'il a (et pourquoi) derrière la tête ce filou de Desmond. Non parce qu'aller à un concert dans l'idée je ne suis pas contre mais la musique a intérêt à être bonne.

* Pourquoi Desmond, ce tout nouveau et facétieux Desmond qui se prend pour le magicien d'Oz (préférable au Desmond harceleur de femmes enceintes) décide d'appeler Jack et de lui annoncer le retour du cercueil de son père ? Ce cercueil aura-t-il un rôle dans l'épisode final ? J'aimerais tellement revoir Christian. Autre chose : c'est Jack, il est déçu d'être découvert mais l'avoue à demi-mots, qui a payé Desmond et l'a envoyé écraser Locke. Deux fois. Mouahahah.

* Pointe d'agacement et digression : Lindelof & Cuse ont expliqué que nous n'aurions pas de réponse au désormais fameux mystère de l'équipage qui constituait le canot qui tirait sur Juliet et co. au début de la saison 5 ! Pourquoi ne pas en donner ? Alors là franchement je ne vois pas. Pour faire les malins probablement. Parce que ça fait quand même dix allers/retours qu'on fait entre l'île principale et l'Hydra Island cette saison. On aurait eu mille fois l'occasion d'insérer cette scène. C'est vraiment fait pour jouer avec nos nerfs et je n'aime pas ça. Imaginons donc, pour essayer de satisfaire nos envies, que c'était sûrement Widmore et certains de ses hommes un peu nazes qui ont pris l'équipage du canot en grippe. Sûrement parce que John Locke y était et qu'il ressemble étrangement à l'actuelle incarnation du Smoke Monster. D'où la confusion possible. Je ne vois que ça comme bonne explication. Le pire c'est que je m'en fiche mais voilà je ne comprends pas pourquoi nous avoir fait miroiter cette bêtise depuis deux ans si ce n'est pour aboutir à rien du tout. Parfois Lost me dépasse.

* Comme je le disait en début de texte mon excitomètre n'est pas très élevé à maintenant trois jours du grand final. Bien moins que les années précédentes. Entre le nouveau poste de Jack et la possibilité que Desmond détruise l'île (donc la défaite plus ou moins évidente du Man in Black à long terme), la possibilité que tout le monde soit "sauvé" dans le jeune et nouvel univers, je crois malheureusement très bien pouvoir imaginer ce à quoi je dois m'attendre pour cet ultime épisode. C'était déjà le cas l'année dernière avec leur idée de bombe à hydrogène qui annihilerait le passé d'ailleurs. Et c'est dommage. Bon, ne perdons pas espoir : gageons que Lost nous amène en des terrains balisés pour mieux pouvoir nous outrager, nous surprendre et même se foutre un peu de nos gueules. 1h40 ce sera la durée de ce dernier épisode diffusé dans la nuit de dimanche à lundi. 1h40 c'est long. Ça laisse de quoi faire quelques choses. Et quelques choses bien même. Allons-y, buvons du vin et repaissons nous du sang qui va couler ! Fêtons ! La sortie n'est pas encore tout à fait gâchée. Mais mince je veux être ébahi et stupéfait. Je veux ne rien comprendre à ce qui est en train de se passer devant mes yeux. Du tout.

6 commentaires:

nicolas a dit…

yep, pas grand chose à ajouter, juste deux trois bêtises pour me faire plaisir...

of course c'est jack. parce que celui qui se rapproche le plus de quelque chose comme un héros? non, ou juste accessoirement. plutôt parce que c'est le plus authentiquement et irréversiblement malheureux, de la brochette de candidats dépressifs. hugo est 'miserable' parce qu'il est gros et qu'il n'a pas de copine, bon, sawyer parce qu'orphelin et témoin du meurtre de maman (boo hoo, poor you). le mal-être de jack, on ne voit pas bien ce qui pourrait y remédier : ce besoin d'avoir toujours quelque chose à fixer, comme ils disent, là, avec cette histoire de fontaine et tout, il sera servi.

souvenons-nous que s'il était le premier à vouloir quitter l'île, il a aussi été le premier à le regretter. un grand enfant : une envie pressante de faire un truc, impliquant si possible un hélicoptère et des trucs qui font boum. un grand enfant qui ne tient pas en place : maman (kate), je m'ennuie, on retourne sur l'île? surtout si ça implique des avions qui font boum.

je veux dire, les autres seront très bien, sur la terre ferme. kate was doing fine, avec aaron. et ne serait jamais revenue sans le vague remord d'avoir laissé claire... il suffirait que celle-ci soit un petit peu trucidée devant elle, suffisamment pour qu'aucune résurrection ne soit envisageable, ça résoudrait beaucoup de problèmes (je dis ça). sawyer n'a pas encore eu l'occasion, mais je suis sûr qu'il saura en profiter, maintenant qu'il a résolu ses petits problèmes personnels.

oh si richard est mort, j'en met (presque) ma main à couper et ça me plait beaucoup une fin aussi désinvolte. parce que quand même et malgré un bel épisode-centric, c'était un personnage un peu falot il faut bien dire. mystérieux et classe tant qu'on l'entre-apercevait une demi-fois par saison, et puis...

tiens, une réminiscence amusée : la première présentation officielle (par ben je crois?), au bout d'une ou deux saisons où on apercevait richard conseiller les uns et les autres, vaguement messager, et ce depuis manifestement un moment : 'he's a kind of an advisor. he's been here for a very long time'. effectivement ça valait le coup d'attendre.

j'aime le retournement de ben, parce que là, ça devenait un peu le mib contre tous : le mal et une coalition hétéroclite de belles âmes bien décidées à éviter le pire. et ça me plait que ce soit ben le grain de sable là-dedans.

néanmoins (je reviens en arrière), j'aurais été l'un des trois autres candidats, a priori, j'aurais aussi laissé jack se dévouer pour rentrer pouponner, girlfriender ou autre, mais pas sans me renseigner un peu sur ce que ça impliquait : parce que si la mission permet de ne pas vieillir, comme alpert, de pouvoir renaître (indéfiniment?) comme jacob, qui se permettait en outre de petits allers-retours sympas à los angeles, ça peut peut-être valoir le coup... soyez au moins un peu curieux, les trois!

Hugues Derolez a dit…

Ah oui pour Jack, champion de l'auto-flagellation et maniaque du sacrifice c'est le job parfait.

Et ouais. C'est un lourd fardeau certes (et par exemple je vois mal Hurley être intéressé par cette perspective sachant qu'il est très attaché à sa famille et qu'il aime les gens de toute façon) mais moi aussi à leur place j'aurais voulu en savoir plus. C'est quand même pas rien. Parce que maintenant là quoi, ils vont se venger du méchant Locke j'espère ? Venger leurs amis ? Parce que si la seule chose qu'ils trouvent intéressante à faire c'est d'abandonner Jack et de se tirer en avion je vais m'énerver.

nicolas a dit…

bon, je suis complètement à chaud, là, parce que ça fait longtemps que je n'ai pas fait de critique en temps réel. en réclamant l'indulgence... spoiler évidemment.







comme tu dis : emotional rollercoaster... pas mal d'impressions souvent contradictoires, plus d'un motif de réprobation, et au final balayés ou presque...

l'avalanche de bisous, tu avais vu juste... un peu systématique : je me serais passé des frêres et soeurs, pour ma part, c'est bien la peine qu'on en rajoute une louche sur le caractère autodestructeur du show si c'est pour qu'ils nous les fassent tous revenir. dead should be dead.

dans le genre un coup mort, un coup pas mort, voilà alpert et lapidus back. j'étais peiné. un, bon, mais les deux? et puis pourquoi pas, parce qu'au fond je suis sympa, que lapidus est sympa et qu'alpert a enfin fini de faire la gueule. et un ombrageux 'hombre' au 21ème siècle, ça peut être assez amusant.

un peu systématique, disais-je... pourtant l'idée était magnifique, d'un épisode jaloné par les réminiscences, jin et sun qui retrouvent leur anglais, franchement, whao. et puis comme souvent, ils ne savent plus s'arrêter et c'est le flash-back de trop... shannon, donc. et l'accouchement (trois push et le bébé sort, en bons nerds, lindelof et cuse ne connaissent manifestement pas l'existence du cordon).

(je plaisante, pour le cordon, ça m'amuse beaucoup, en fait. et la scène est assez belle)

heureusement que les acteurs sont des êtres instables et que le droit est chose complexe, ça nous évite un retour de michael, de monsieur eko... prémédité sans doute pas, l'essentiel est que ça introduise de petits grains de sable dans la machine...

(à propos de complexité du droit, je le sens de plus en plus mal, pour ma dissert de demain... mais il y a des priorités hein)

prémédité sans doute un peu. la preuve : daniel et charlotte. 'it's nice to meet you...' et rien! parce qu'elle est frigide ou ne l'aime pas vraiment, ou lui trop repoussant, tellement cruel dans tous les cas! j'adore (tout en restant sympa).

bon, ça c'est facile : j'aime ce choix de l'élégie, et que malgré l'élégie (sublime? allez, souvent sublime) on fasse encore l'effort de faire décoler des avions.

et là ça devient plus dur... j'y repense et je reviens, parce que à chaud c'est bien, mais il faut être un tout petit peu à la hauteur quand même... essayer anyway.

nicolas a dit…

bon... délicat, disais-je, une petite demi-heure de rer plus tard, avec un peu de chance, tout ça aura maturé (encore que, vu la chaleur et tout, ça n'est pas joué...)

j'aime que ces histoires de bien et de mal, de bouchon et de flocke (qui ne m'intéressait plus beaucoup) soient relativement expédiées, dans des passages vaguement indiana jonesques kitsch. bien sûr, ce n'est pas pour eux que j'aime l'épisode. mais ils ne me gênent pas non plus. franchement, ç'aurait pu être nettement plus mystique et relou, avec des temples, des torches et tout...

(flocke était invulnérable, il ne l'est plus, point. pas sûr d'avoir très bien compris comment, parce que le son était bof et qu'il me manque des cases. ça ne me chagrine pas trop, je sens confusément que ça n'est pas très important et que les scénaristes ont décidé de ne pas se fouler pour ça)

non, comme prévisible (mais pas gagné non plus), la série, follement romantique, choisit l'amour et les bisous. qu'à peu près tous les personnages (sauf ceux qui 'ne sont pas prêts'. comprendre dont on ne veut pas, parce qu'au bout de six saisons les choses sont suffisamment difficiles à gérer comme ça. mais j'aime que tout reste ouvert, qui sait, un jour peut-être, daniel ou ana lucia pousseront eux aussi la porte de la chapelle) soient prêts à renoncer, comme un seul homme, à leur vie terne pour retrouver leur existence sur l'île. et ce coup-ci on y croit (alors que le retour planifié pendant la saison 4 était un peu cousu de fil blanc) : parce qu'évidemment, être amoureux est la seule raison valable, et crédible, de partir au loin et prendre des risques.

(la série comme une somme d'allers-retours. entre la sécurité et l'aventure, disons. un va -et-vient fascinant, dans la saison 4 une force poussait les candidats à revenir sur l'île, un départ et deux saisons plus loin, c'est la même chose, mais sur un mode beaucoup plus abstrait. hier on prenait l'avion. aujourd'hui on se frôle, on a une vision.)

(une sorte de métaphore existentielle un peu naïve et surtout grandiose. en gros)

et encore mieux, qu'ils ne repartent pas. que les deux univers ne se fondent pas. qu'il n'y ait pas d'histoire de porte magique ou autre grand guignol grotesque (a priori lost était au-dessus de ça. mais on ne sait jamais) (après réflexion, il y en a déjà eu, des histoires de portes magiques... et ça me plaisait beaucoup, mais pas comme ça, pas maintenant, pour un final... un peu de tenue)

nicolas a dit…

vraiment : magnifique. la série est tout sauf laborieuse, ici : il suffit que claire et charlie, que sawyer et juliet... s'effleurent et tout est clair. d'un concert on se retrouve à la chapelle en un fondu enchaîné. certains diront facile, je trouve ça plutôt très classieux. fini le feuilletonesque, on arrête de faire les malins, au bout de six saisons il est temps de passer à l'essentiel...

l'essentiel? ben (en gros) la vie, la mort... je ne suis pas sûr de saisir très bien ce que lost en dit. pas sûr que la série le sache beaucoup mieux... ce qu'elle sait en revanche, c'est qu'elle ne veut plus parler que de 'ça'. et que ce 'ça' est la seule chose qui compte. (et qu'elle illustre par des images inoubliables)

parce que là, je ne peux penser qu'au miroir magique, ou à a.i., je retrouve une nouvelle fois cette idée qui m'est chère : une exposition sans filet, frôlant en permanence le ridicule et en réalité absolument bouleversante, des grandes peurs enfantines. dans a.i., un petit garçon décidait de dormir pour toujours avec sa maman, sans être vraiment mort mais un peu mort quand même... dans lost, jack est accueilli dans l'au-delà par son père, à côté d'un cercueil, qui le prend dans ses bras. dans les deux cas : une sorte de fantasme tourmenté et quelque peu malsain...

l'épisode se présente ainsi comme un long enterrement. mais aussi (je vais sonner de plus en plus kitsch. toutes mes excuses) d'un éveil à la vie. parce que le final est doublement le fantasme d'un enfant angoissé : versant morbide, donc, mais aussi espérant. regrouper, en gros, tous ceux qui ont compté dans une même pièce : des morts, des vivants, et continuer comme ça pour toujours, sans que plus rien ne bouge.

du coup je me demande toujours si cette heure quarante est plutôt funèbre ou extatique. je suppose que ça la rend marquante.

Hugues Derolez a dit…

Ravi.

Funèbre oui. New-Age. Une cathédrale baignée de lumière, retrouver ceux qui nous sont chers après la mort pour avancer. C'est peut-être trop pour moi. Je n'en avais pas besoin. J'avais juste besoin des réunions. La première je crois, Jin & Sun, m'a ému comme jamais je ne l'ai été par ces personnages. C'est juste parfait.

Ce que j'y trouve et qui m'excite comme depuis très longtemps avec la série c'est la forme même des au-revoirs : tout (ou presque) le cast réuni se retrouve, se papouille et se congratule. We made it. Tout en se disant au revoir ils nous saluent aussi. Et l'un des discours les plus méta vu dans la série depuis longtemps, là où la hype et le phénomène dépasse l'entendement et la série, qui me fascine : it's over. Now just remember. And let go.

Ca me rappelle l'une des superbes fins d'Evangelion.

Non vraiment, mis à part un ou deux petits reproches, c'est une conclusion totalement logique et limpide. C'est juste ce qu'il me fallait.