lundi 9 juin 2008

Continuons à suivre les marques


RICHARD KELLY -
SOUTHLAND TALES


It's a mess. Bien moins impressionnant qu'à la première vision Cannoise en 2006. Des ajouts 3d affreux. Un énorme travail de restructuration du récit. On rajoute de la voix off et des illustrations pour pointer du doigt ce qui est sérieux, rendre tout ça un peu plus compréhensible. Et c'est, mieux. Peut être. Ça reste totalitairement chaotique, presque imbuvable, presque pas réjouissant.

All they care about is the stage. Tous les acteurs se détachent de la logique (ou la para-logique) de tout ceci pour représenter parfaitement, être gracieux, jouer le rôle (qui paradoxalement en est un dans le « mouvement perpétuel » de cet égo trip démesuré de Richard Kelly : le scénario a déjà été écrit par l'un des acteurs à l'intérieur de la pièce. C'est à lui de repartir les places) avec le plus de zèle possible. Au final cela est étiré jusqu'à l'absurde extrême : sans trop savoir pourquoi les gens se mettent à danser d'une façon chorégraphiée. Ça doit arriver de cette façon. On ne peut rien y faire. Continuons à suivre les marques. J'aime beaucoup cette idée que la mémoire ne peut se réécrire (chez The Rock aka Boxer Santaros aka Jericho Cane) qu'à travers la fiction. De voir juste. Simplement en inventant.

A tout instant les personnages se mettent en scène et rient de la propre bêtise de tout ça. Un petit coup d'amas de révélations soapesques. Les personnages jouent tous leurs propres rôles (beaucoup d'acteurs comiques américains de la télé) et se démolissent, lisent à l'avance le scénario du film et tentent de s'amuser avec tout ça. Timberlake et Sean William Scott laissent vraiment transparaître de grandes qualités. J'aime aussi beaucoup Sarah Michelle Gellar et The Rock mais je comprendrais si on me disait que je suis con. Je continue d'apprécier l'effort : faisons semblant de faire de la science fiction assumée et de bonne qualité (tout en rendant hommage via l'imagerie à K Dick, Watchmen aux Pixies et à toute une culture un peu weird des 80ies/90ies) qui se veut futuriste mais qui accepte tout à fait le fait qu'elle sera très prochainement datée (dans le bon & le mauvais sens).

Ça me fait penser à de l'improvisation et au final, à une recherche comique (quand on voit qui sont les acteurs ça a du sens). Pas vraiment besoin de cohérence d'ensemble, ou alors tiens faisons juste semblant qu'il y en ait une, pour graisser la patte des gens qui paient pour que ce film existe. Sinon, soyons débridés, une idée un gag. Traversons les possibilités du film d'anticipation et du film fantastique pour dresser un hommage, une mémoire à l'amérique futuriste qui n'existera pas. Un rire est plus facile à tirer qu'un peu de réflexion. Mais il y a de quoi siffler et encourager.

5 commentaires:

?! a dit…

Hello, c'est GiJu !

Vraiment bien torché ce petit papier. Comme d'hab, j'aime beaucoup tes chutes.

J'ai vraiment hâte d'acheter le dvd de Southland Tales en décembre pour faire un comparo entre la version cannoise et la nouvelle.

C'est bien que tu parles aussi de BD et de Jeux vidéo sur ce blog.

Hugues Derolez a dit…

Salut Ju.
C'était un message (pas vraiment une critique on est d'accord) posté sur MC. J'espère pouvoir acquérir les deux versions pour pouvoir les comparer (je me souviens mal de la 1ère mais des choses que j'adorais sont passées à la trappe).

Je parlerais peut être ici des 3 bd préquels écrites par Kelly, mais ça n'est pas extraordinaire. Je vais m'intéresser à ton blog. J'attends d'avoir vu Speed Racer pour pouvoir te répondre.

Axel Cadieux a dit…

T'en as des couilles pour écrire sur un truc pareil. Ca se sent de toute manière un peu que tu as peur de l'aborder de front, tu m'étonnes.
Ton texte reste du domaine de la constatation et c'est déjà très bien, de la constatation timide mais brillante.

Hugues Derolez a dit…

Je pensais justement que tu devais le voir, il y a peu.
Ça tient de la constatation, c'est vrai, juste après avoir (voir pendant que je le regardais) revu le film (jamais je n'écris peu de temps après avoir vu quelque chose).
Alors oui, je ne l'attaque pas frontalement. Avec le temps une certaine image s'érige dans mon esprit. Et c'est bien plus celle d'une posture comique, d'un doigt, d'un pet et d'une balle dans la tête, qui prédomine. Peu à peu le propos même du film s'évapore.

'33 a dit…

howdy
t'es linké buddy
bienvenue dans ce nouveau monde