KENNETH JOHNSON - SHORT CIRCUIT 2
Il y a quelque chose entre les robots et moi. C'est durant mon enfance que j'ai voulu les connaître et voir ce qu'ils avaient dans le ventre. Le cinéma, alors, m'intéressait assez peu. Par chance et avec pas mal de détermination j'ai enfin pu trouver une version dvd de Short Circuit 2 « Appelez-moi Johny Five » (en France) et le revoir malgré mon oubli le plus total du premier film, des tenants et des aboutissants de l'histoire. J'ai peu de choses à expliquer. Number Five était un prototype militaire de robot ultra performant. Un coup de foudre lui donna une âme. A la manière d'un Frankenstein rencontre Pinocchio tout en se prenant pour E.T., Johnny Five va décider d'être libre, quitter le giron de l'armée à la recherche d'un maximum d'informations. Il courra vers elle, dément, prêt à tout pour apprendre. Et dans ce second opus le voilà dans la plus grande ville du monde.
La sincérité et la candeur font de Short Circuit 2 un film qui ne prend pas beaucoup de place. Un film où on parle de fabrications de jouets mais où on balance aussi des gros mots, un endroit où l'on envisage de voler des diamants (j'ai en tête « Maman j'ai raté l'avion ») et où on s'interroge beaucoup sur où se trouve notre humanité, comment l'atteindre. En toutes ces questions Short Circuit 2 est codifié au possible, il est plaisant mais simple, il est à l'image du cinéma de notre enfance. Pourtant un réel constat sur le cinéma s'inscrit dans le sillon du film. Et l'étonnement ne peut que faire place à l'acceptation, à l'envie de comprendre, comprendre comment un film peut passer de la médiocrité à la grâce en un tour de caméra.
D'où vient l'enchaînement des circonstances qui donnent à un film une qualité intrinsèque ? Actuellement l'étude des cinéastes revient à l'étude des mouvements de pensées des philosophes qui ont parcouru notre histoire. Un film est bon grâce à son réalisateur. Il prend tout le crédit de sa création, et bien sûr ce n'est pas un mal. Mais l'expérience du cinéma est collective, de son élaboration à son partage, on ne le répètera jamais assez. Et Short Circuit 2 propose quelque chose d'épineux. A travers le magma d'un robot désabusé, de petites histoires coquettes, nous voyons cet être se regarder dans un miroir et y trouver un reflet déformé. Cette quête l'illuminera.
Un discours sur la tolérance deviendra discours sur l'accomplissement de soi. Dans ses scènes finales les volets qui servent de paupières à Johnny Five se relèveront. Il est en passe de mourir et la caméra lui donne enfin toute l'attention qu'il mérite. Un plan serré, plusieurs dizaines de secondes à voir une machinerie se mettre en route, singer l'humain, s'exprimer. En sa renaissance la démonstration devient évidence : créer la vie à partir de rien, n'est ce pas ce qu'essaie de faire Georges Méliès, tout comme Quentin Tarantino ou encore Bong Joon-ho ? La robotique et la représentation cinématographique ne sont-ils au final pas deux jeux très semblables ? Les gestes deviennent actes de foi. Je bouge donc j'existe. Et c'est à ça que pourra s'arrêter Johnny Five.
Quelques minutes plus tard, nous retrouvons Number 5 maquillé d'or et parmi un groupe d'immigrés américains qui portent serment envers la nation. Un personnage cabossé qui a toujours entraîné le rire devient ainsi le « premier citoyen américain robotique ». Malgré ses 300 kilos il sautera pour exprimer sa joie et son histoire se terminera comme ça, sur une image arrêtée de son corps bondissant. Et l'éducation qu'il porte en lui prend tout son sens. En ces périodes dorées par leur aspect, nous pouvons tout de même croire. Le combat d'un sous être pour en devenir un peut payer. La reconnaissance est une véritable naissance en soi, on peut envisager le travail et la coopération comme une manière de vivre et pas seulement comme un joyeux idéal d'enfant. L'exception cachée en chacun de nous ne demande qu'à exploser. Mais il faudra tout d'abord en passer par la souffrance.
En 88, je croyais.
Et j'ai envie de me dire que si je suis l'homme que je suis aujourd'hui, c'est un peu grâce à Short Circuit 2.
Il y a quelque chose entre les robots et moi. C'est durant mon enfance que j'ai voulu les connaître et voir ce qu'ils avaient dans le ventre. Le cinéma, alors, m'intéressait assez peu. Par chance et avec pas mal de détermination j'ai enfin pu trouver une version dvd de Short Circuit 2 « Appelez-moi Johny Five » (en France) et le revoir malgré mon oubli le plus total du premier film, des tenants et des aboutissants de l'histoire. J'ai peu de choses à expliquer. Number Five était un prototype militaire de robot ultra performant. Un coup de foudre lui donna une âme. A la manière d'un Frankenstein rencontre Pinocchio tout en se prenant pour E.T., Johnny Five va décider d'être libre, quitter le giron de l'armée à la recherche d'un maximum d'informations. Il courra vers elle, dément, prêt à tout pour apprendre. Et dans ce second opus le voilà dans la plus grande ville du monde.
La sincérité et la candeur font de Short Circuit 2 un film qui ne prend pas beaucoup de place. Un film où on parle de fabrications de jouets mais où on balance aussi des gros mots, un endroit où l'on envisage de voler des diamants (j'ai en tête « Maman j'ai raté l'avion ») et où on s'interroge beaucoup sur où se trouve notre humanité, comment l'atteindre. En toutes ces questions Short Circuit 2 est codifié au possible, il est plaisant mais simple, il est à l'image du cinéma de notre enfance. Pourtant un réel constat sur le cinéma s'inscrit dans le sillon du film. Et l'étonnement ne peut que faire place à l'acceptation, à l'envie de comprendre, comprendre comment un film peut passer de la médiocrité à la grâce en un tour de caméra.
D'où vient l'enchaînement des circonstances qui donnent à un film une qualité intrinsèque ? Actuellement l'étude des cinéastes revient à l'étude des mouvements de pensées des philosophes qui ont parcouru notre histoire. Un film est bon grâce à son réalisateur. Il prend tout le crédit de sa création, et bien sûr ce n'est pas un mal. Mais l'expérience du cinéma est collective, de son élaboration à son partage, on ne le répètera jamais assez. Et Short Circuit 2 propose quelque chose d'épineux. A travers le magma d'un robot désabusé, de petites histoires coquettes, nous voyons cet être se regarder dans un miroir et y trouver un reflet déformé. Cette quête l'illuminera.
Un discours sur la tolérance deviendra discours sur l'accomplissement de soi. Dans ses scènes finales les volets qui servent de paupières à Johnny Five se relèveront. Il est en passe de mourir et la caméra lui donne enfin toute l'attention qu'il mérite. Un plan serré, plusieurs dizaines de secondes à voir une machinerie se mettre en route, singer l'humain, s'exprimer. En sa renaissance la démonstration devient évidence : créer la vie à partir de rien, n'est ce pas ce qu'essaie de faire Georges Méliès, tout comme Quentin Tarantino ou encore Bong Joon-ho ? La robotique et la représentation cinématographique ne sont-ils au final pas deux jeux très semblables ? Les gestes deviennent actes de foi. Je bouge donc j'existe. Et c'est à ça que pourra s'arrêter Johnny Five.
Quelques minutes plus tard, nous retrouvons Number 5 maquillé d'or et parmi un groupe d'immigrés américains qui portent serment envers la nation. Un personnage cabossé qui a toujours entraîné le rire devient ainsi le « premier citoyen américain robotique ». Malgré ses 300 kilos il sautera pour exprimer sa joie et son histoire se terminera comme ça, sur une image arrêtée de son corps bondissant. Et l'éducation qu'il porte en lui prend tout son sens. En ces périodes dorées par leur aspect, nous pouvons tout de même croire. Le combat d'un sous être pour en devenir un peut payer. La reconnaissance est une véritable naissance en soi, on peut envisager le travail et la coopération comme une manière de vivre et pas seulement comme un joyeux idéal d'enfant. L'exception cachée en chacun de nous ne demande qu'à exploser. Mais il faudra tout d'abord en passer par la souffrance.
En 88, je croyais.
Et j'ai envie de me dire que si je suis l'homme que je suis aujourd'hui, c'est un peu grâce à Short Circuit 2.
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