jeudi 23 octobre 2008

Cars sounds










ANDY & LARRY WACHOWSKI - SPEED RACER


Speed Racer me fait penser à Ashes of Time dans le genre du film que j'aime bien mais que j'ai du mal à regarder. Mais plus j'y réfléchis plus je me dis que tout ça vient de cet enfant et de ce singe. Speed Racer doit faire en effet avec un désaventage des plus conséquents : les deux pires personnages de l'histoire du cinéma. A chacune de leurs apparitions mon cœur pompait un peu moins de mon sang pour m'empêcher de voir ce que j'étais en train de voir. Être aussi exaspérant je crois qu'il y a de quoi en faire un film entier (quelque chose sur la torture, un peu comme la mort de Dante Lazarescu ; ça ressemble donc à ça Spy Kids ?).

Toutes les séquences de courses sont fantastiques : celle dans le désert où les véhicules dansent, celle dans les cavernes de glace où les lumières en arc-en-ciel laissent leurs empreintes sur les murs, Speed Racer seul de nuit crie sur un circuit, bien sûr celle du début où il poursuit le fantôme de son frère (je lui préfère celle de Déjà Vu) et la dernière, avec les zèbres en livre d'images, le kaléidoscope final sur fond de flashbacks ; c'est à tomber par terre (mais trop court).

J'ai beaucoup d'affection pour ce film (teintée de déception) qui peut être un putain de traité esthétique et s'exhorter peut être pas à proposer une nouvelle imagerie mais à prendre des concepts et en faire la vivisection, montrer un peu les tripes de tout ça au monde. Les images qui me marquent ne sont pas les plus façonnées, je pense à Speed qui se souvient de son père et lui regardant le Grand Prix 43 (nous voyons ses souvenirs apparaître derrière lui dans une succession de jeux d'écrans), le tout début et les transitions folles entre tapements de pieds, main qui dessine, et surtout Speed & Trixie dans la voiture, sous la pluie. Il y a un orage et un éclair nous fait passer du visage de Speed à celui de Trixie. C'est bien là l'essence du film. La roublardise et les masques tentent de faire bouger cette mascarade comme un jeu de marionnettes. Mais derrière il y a quelque chose qu'on veut nous cacher, on ne reconnaît pas que les liens qui perdurent sont le cœur de Speed Racer. Celui qu'il n'est pas permis de (trop) montrer.


Et ce qu'ils tentent de dire me plaît. Une famille soudée et croyante (pour ça le rôle de la mère surpasse tous les autres), une histoire qui tient ses promesses d'intégrité du début jusqu'à la fin là où je m'attendais à ce que Speed joue avec les méchants avant de comprendre son erreur, soit le chemin bien écrit du film d'entertainement et de compétition classique. Sans réels rebondissements mais jamais sans surprise. Tout comme l'histoire du frère. On comprend dès le début le secret qui se cache là-dessous. On comprend un peu plus tard que ce n'est pas du tout ça qui compte. Ce frère qui refuse de revenir chez lui, qui veut faire oublier son existence à ses proches pour « faire ce qu'il a à faire » m'émeut. Le poids équivoque de l'entreprise familiale, où la course est une religion, peut endurer le moral d'un de ses membres. Il courra pour supporter son frère mais en fait il ne coure plus. Il est un homme à présent et il doit laisser certaines choses derrière lui pour vivre selon ses lois.

L'imagerie multiplicative encadre cette famille toujours en espérant leur donner une direction. Comme une inquiétude de réalisateur de bercer leurs enfants du début à la fin, de leur susurrer une façon de vivre au creux de l'oreille. La glissade du temps est la glissade de l'image, les voitures ne semblent jamais aller droit mais toujours négocier leurs trajectoires. Le son devient le refuge face à l'agression rétinienne constante, trop de couleurs trop de figures, et on en vient à aimer le son de leurs voix et à s'y détendre. Le bruit des moteurs et de la course deviennent point de repère, familiarité factice pour empêcher les yeux de crier face à une polychromie malade et un montage qui rompt tous les codes et toutes les limites ; celles qu'on nous a toujours inculquées comme étant celles à apprécier, celles avec lesquelles il fallait jouer. Le temps n'évolue pas et de concert tous les personnages resteront sur leurs positions, célébrerons la victoire de la famille et de la mécanique, souvenirs et calculs pour tenir la route bien droite, ultime photofinish comme moyen d'intention de faire perdurer le présent et uniquement celui-ci. Malgré une version plus que correcte regarder Speed Racer sur son portable avec des écouteurs ça ne fonctionne pas bien. Je trouverai un bluray et je le regarderai sur un écran lcd géant voir comment l'alchimie prend. Je suis enthousiaste.


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