En 2000 naissait Gregor Samsa, une sinueuse traversée dans le paysage musical américain illustrée par l'androgynie de deux voix et d'un piano nuageux. 85 ans auparavant Franz Kafka écrivit « La métamorphose » ou l'histoire d'un homme confronté à sa toute neuve situation de cloporte. Obligé de s'enfermer pour ne pas avoir à affronter les regards. Face à l'impossibilité d'une cohabitation avec sa famille on le mettra à mort en douceur. Cet homme s'appelait Gregor Samsa. Après l'excitation générale provoquée par deux EPs à la limite du mysticisme le groupe concluait adroitement avec l'intitulé 27.36. Un cuisant échec plus tard (55.12) Gregor Samsa se recentre et joue la carte de l'apaisement. Ceux qui se réclament « lent et triste, lent et heureux mais jamais rapide et autre chose » simulent le schéma bien convenu d'une construction Post-rock pour l'assourdir parfois de caisses de résonance atmosphérique et l'alléger également de miracles vocaux. Les mêmes mots prononcés par deux voix en juxtaposition, contrepoint qui donne toute sa dimension à leur musique. On ne peut parler de musique métamorphique. Pas de pression ni de chaleur qui transformeraient peu à peu les mélodies en roche. Gregor Samsa s'est réveillé un matin, changé en monstre à la double voix, figé et résigné comme l'était Le fantôme de l'opéra à son époque. Chaque album est un acte de son opéra à deux bouches, criant sur son orgue et dans sa cave. C'est l'endroit où les miracles surviennent. Les paroles deviennent paraboles et tous les amours passés trouve ici une résiliation et un enseignement. Comme une lente et lucide agonie. En échos les ultimes complaintes fantomatiques se hissent jusqu'à nous. Gregor Samsa, lui, ne peut plus sortir.
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