
WARREN ELLIS & PAUL DUFFIELD - FREAKANGELS
Bien loin du laboratoire formel et structurel espéré : FreakAngels (au nom de marque de fringues pour gothiques en mal d'amour) ou la première (véritable) incursion d'un auteur de comicbooks reconnu et talentueux tentant de s'autopublier sur Internet.
Dans la même catégorie il n'y avait guère qu'Alien loves Predator d'intéressant et de gagesque (comme une version plus drôle de Friends où deux zigotos vivraient comme roomies à NYC, l'un pue et tente de baiser tout ce qui bouge, l'autre se prend pour un intello à lunettes) exploitant véritablement le tout jeune médium.
Nous voilà, comme le précise Ellis, bientôt au terme du premier tome de cette histoire d'ère post-apocalyptique Anglo-saxonne. Six pages toutes les semaines, un rythme de publication traditionnel mais impressionnant quand on voit la qualité et la précision de Duffield. Là où le bât blesse c'est qu'on assiste tout bonnement à un découpage, en petites tranches, d'une bd standard. Pas de rénovation des codes graphiques (après tout virtuellement tout est possible sur

On ne peut absolument pas remettre en question le talent d'Ellis (novateur avec The Authority, un groupe de défense planétaire « qui agit à grande échelle, et dans un contexte de destruction de masse », ou encore Planetary, les archéologues de l'étrange shootés à la popculture) qui réussit avec brio à nous embourber dans l'après fin du monde Britannique. Douze enfants naissent le même jour. Six ans plus tard l'humanité s'achève. Il nous est raconté ce que sont devenus ces enfants une fois leur majorité atteinte. C'est avec un microcosme complexe et fouillé qu'Ellis croit pouvoir nous tenir en haleine. Non pas en exploitant de véritables prouesses en termes de narration multiples mais en multipliant les protagonistes et les situations. Peu à peu, ça ressemble aux Feux de l'Amour. On s'approche d'une guerre, roman géographique avec places et positions. Les magnifiques paysages nous attachent à WhiteChapel. Un petit jeu innocent se déploie sur plusieurs semaines. Le mystère ambiant nous pousse à nous préoccuper des frictions intimes et des désagréments d'une vie où l'on n'attend plus rien. Cultiver ses fruits. Surveiller l'ennemi du haut d'une tour. De petites choses.

On veut tendre une carte et marquer chacun avec des punaises. Le véritable tour de force n'est ni technique ni effectué en termes de mégastructures, il est là, dans cet espace noyé qui se déplie avec le temps. C'est accompagner le lecteur au quotidien en jouant avec l'absence, la surprise, l'attente. Des codes et expressions maintes fois usés ailleurs.
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