mercredi 23 juillet 2008

I feel like someone parked a car on my brain. What did I drink last night?





WARREN ELLIS & PAUL DUFFIELD - FREAKANGELS

Bien loin du laboratoire formel et structurel espéré : FreakAngels (au nom de marque de fringues pour gothiques en mal d'amour) ou la première (véritable) incursion d'un auteur de comicbooks reconnu et talentueux tentant de s'autopublier sur Internet.
Dans la même catégorie il n'y avait guère qu'Alien loves Predator d'intéressant et de gagesque (comme une version plus drôle de Friends où deux zigotos vivraient comme roomies à NYC, l'un pue et tente de baiser tout ce qui bouge, l'autre se prend pour un intello à lunettes) exploitant véritablement le tout jeune médium.

Nous voilà, comme le précise Ellis, bientôt au terme du premier tome de cette histoire d'ère post-apocalyptique Anglo-saxonne. Six pages toutes les semaines, un rythme de publication traditionnel mais impressionnant quand on voit la qualité et la précision de Duffield. Là où le bât blesse c'est qu'on assiste tout bonnement à un découpage, en petites tranches, d'une bd standard. Pas de rénovation des codes graphiques (après tout virtuellement tout est possible sur Internet) ni même de bousculade dans les fondements des différents types de discours de la bd classique. Le format (144 pages pour un chapitre, il semblerait) est donc fonctionnel et pas du tout fantaisiste. Warren Ellis voulait probablement participer à la révolution du standard graphique du comicbook. Mais il ne se sert pas de ses armes. FreakAngels n'a rien à faire sur Internet.

On ne peut absolument pas remettre en question le talent d'Ellis (novateur avec The Authority, un groupe de défense planétaire « qui agit à grande échelle, et dans un contexte de destruction de masse », ou encore Planetary, les archéologues de l'étrange shootés à la popculture) qui réussit avec brio à nous embourber dans l'après fin du monde Britannique. Douze enfants naissent le même jour. Six ans plus tard l'humanité s'achève. Il nous est raconté ce que sont devenus ces enfants une fois leur majorité atteinte. C'est avec un microcosme complexe et fouillé qu'Ellis croit pouvoir nous tenir en haleine. Non pas en exploitant de véritables prouesses en termes de narration multiples mais en multipliant les protagonistes et les situations. Peu à peu, ça ressemble aux Feux de l'Amour. On s'approche d'une guerre, roman géographique avec places et positions. Les magnifiques paysages nous attachent à WhiteChapel. Un petit jeu innocent se déploie sur plusieurs semaines. Le mystère ambiant nous pousse à nous préoccuper des frictions intimes et des désagréments d'une vie où l'on n'attend plus rien. Cultiver ses fruits. Surveiller l'ennemi du haut d'une tour. De petites choses.

On veut tendre une carte et marquer chacun avec des punaises. Le véritable tour de force n'est ni technique ni effectué en termes de mégastructures, il est là, dans cet espace noyé qui se déplie avec le temps. C'est accompagner le lecteur au quotidien en jouant avec l'absence, la surprise, l'attente. Des codes et expressions maintes fois usés ailleurs.

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