mercredi 11 août 2010

Swamp Thing


Len Wein, créateur de licences et de talent, imposa sans trop de conviction l'idée de Swamp Thing à son éditeur chez DC dans les années 70. Ou l'histoire d'un biologiste qui travaille sur une formule secrète qui accentuerait la vitesse de développement des plantes. Quelque chose comme ça. Pas de bol, le type meurt, explose, se confond avec sa formule et se jette dans un lac. En ressort Swamp Thing, le monstre gentil, boudeur et mélancolique, qui affronte quelques méchants et se demande souvent s'il est toujours un peu humain ou non. De ce fait, Wes Craven en fait un film en 1982. Government agents. Scientists. Soldiers. Mastercriminals. Secret formulas. Monsters AND midgets.




On essaie également d'en faire un dessin-animé, sans grand succès, en 1991. Appréciez la belle reprise de "Wild Thing" des Troggs (tout à fait le genre de chanson que tout le monde a déjà entendu dans une pub Nivea ou Levi's) qui fait de ce générique pour enfant l'un des plus cool du monde. Swamp thing, you are amazing. Indeed.





Swamp Thing ne convainc ni les enfants ni les adultes de par sa position indélicate mi-écolo, mi-horrifique. Swamp Thing sera même militant Greenpeace et fera campagne auprès des plus jeunes pour garder la forêt (et les marais) propres. Pourtant Swamp Thing c'était avant tout une certaine idée de la mort et de l'éternité, d'un cycle sans fin de la poussière à la terre, de la terre à l'homme, et de l'homme à sa terre.





Entre '83 et '87 on donne pourtant une chance au superhéros en fleur via l'adjonction du tout jeune Alan Moore pour travailler au scénario de la série. Alan Moore arrive tout juste aux Etats-Unis et fait de son mieux pour impressionner. Jamais la série ne connaîtra d'âge aussi lumineux, entre la contemplation forestière et la métaphysique agraire. Si une plante pense et se croit homme, mérite-t-elle de vivre ? Est-ce un monstre ? Doit-elle tuer ou protéger ? Alec Holland, ou du moins son résidu, Swamp Thing, une conscience florissante au regard d'homme mais à la peau boueuse, n'aura de cesse de se poser la question. Les trois premiers hardcovers (sur six déjà édités par le passé) sont disponibles dans de nouvelles éditions de fort belle facture. C'est l'occasion de découvrir l'une des premières histoires américaines de Moore, et pourtant l'une des plus vibrantes et songeuses, lugubres mais bienveillantes. Swamp Thing, cette grosse boule de mousse qui frappe ses ennemis tout en se laissant aller à soliloquer sur la possibilité de son existence, son envie d'être mais aussi cet attachement typiquement humain à sa terre et à sa région. Retour éternel vers un marais où, en quelque sorte, il continuera de cultiver son jardin. Attachant en diable.

Swamp Thing et Len Wein, son créateur.

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